En 1995 le Professeur Tomatis donnait une conférence à Neuchâtel en Suisse intitulée : L’Enfer Sonore.
Vous pouvez la visionner dans notre rubrique vidéos de la médiathèque.
Il y dénonçait l’augmentation délirante et dangereuse des intensités sonores dans les concerts et sonorisation. Cette ascension purement commerciale car plus l’intensité est forte et plus le matériel coûte cher, prend une pente de plus en plus inquiétante.
Il n’est pratiquement plus de manifestation sans sonorisation souvent mal réglée et ne tenant absolument pas compte des différentes sensibilités auditives.

Qui peut aller aujourd’hui tranquillement au cinéma, à un mariage, à une fête ou une manifestation en plein air, un bar et bien sûr à un concert sans protection pour ses oreilles et sans s’inquiéter de ressortir les oreilles bouchées, voire avec de légers acouphènes ou une sensation d’hypersensibilité, voire de surdité
A se demander, si ce commerce de bouchons d’oreille ne devient pas un marché de plus en plus intéressant … il est par ailleurs à noter que les bouchons d’oreille ne sont absolument pas suffisant puisque nous écoutons avec tout notre corps et notre peau … Une agression sonore attaque tout notre système nerveux !

Nous recevons dans notre Centre de plus en plus de personnes ayant souffert  de ce genre de traumatisme et qui s’inquiètent de ne pas pouvoir un jour récupérer totalement leur audition. Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile, voire impossible de tout récupérer …

Mieux vaut se protéger et éviter au maximum l’exposition aux intensités fortes. Il faut savoir que les oreilles sont fragiles et plus l’individu est jeune, moins son oreille est exercée pour se protéger; la musculature de nos oreilles se tend pour nous protéger en cas d’intensité mais elle a ses limites qui varient en fonction de chaque individu selon l’âge et la sensibilité. Pour mieux comprendre, on peut imaginer tenir un poids de 2kg dans une main ouverte. La main tient une certain temps puis brusquement lâche par fatigue. L’oreille fonctionne de façon identique, en cas d’exposition trop forte et trop longue, la musculature se tend jusqu’à ses limites … et au delà commencent les dégâts parfois irréversibles.

Il est donc impossible d’entendre qu’il faut régler l’intensité de la sonorisation en fonction des plus mal entendants. Au risque d’assourdir les plus jeunes !!!
Nous voyons régulièrement des enfants, placés proches des enceintes et malheureusement nombre d’entre eux doivent commencer très jeune à devenir sourd.

Le Professeur Tomatis avait déjà annoncé qu’une génération de sourds était en train de se préparer mais il semble que son sentiment ne cesserait de se confirmer s’il était encore parmi nous.

Voici quelques extraits d’un article écrit par Alain Gerber après un entretien avec le Professeur Tomatis qui est apparu dans le magasin SON en 1973 :

« La pollution, les nuisances sont les bêtes noires du vingtième siècle. . . Il est vrai que le bruit, à forte dose, tue l’oreille… Ce qui est très important, c’est que l’appareil auditif n’est pas seul touché: l’action du bruit peut avoir des répercussions sur le psychisme, sur la circulation sanguine, le rythme respiratoire, la mémoire… Le Professeur Tomatis vous somme de prendre garde au trop plein de décibels . . .

Mais peut-on parler de problème? En vérité, l’affaire semble simple et la cause entendue par avance. Le bruit, dont l’intensité ne cesse d’augmenter dans les villes, est dangereux à la fois pour l’organisme et pour le psychisme des individus qui y sont soumis. C’est clair, net et sans réplique. Les témoignages foisonnent et aboutissent tous aux mêmes conclusions. Quelques pièces du dossier? En voici. Chacun sait par exemple que les jeunes écoutent la musique qu’ils aiment (la pop notamment) de plus en plus fort; or une enquête suédoise a révélé qu’en 1970, les troubles auditifs par agression sonore étaient dix fois plus élevés chez les adolescents qu’en 1956 !

Encore une revue de vulgarisation scientifique française devait-elle souligner qu’à ces agressions facultatives, il convient d’ajouter celles auxquelles nul n’est ne mesure de se soustraire : « Il faut aussi tenir compte du bruit du marteau-piqueur (120 décibels), de celui de la moto (110 décibels), du métro place de la Concorde (90 décibels), des poids lourds, du réveille-matin (80 décibels), du téléphone (70 décibels).

Dans les appartements, le vide-ordures, ou le broyeur d’ordures, le réfrigérateur, le mixer, le moulin à café, les machines à laver le linge, la vaisselle, viennent de l’intérieur s’ajouter aux résidus des bruits de l’extérieur qu’on a essayé, mal, de supprimer par quelques mesures d’insonorisation. Bref, nous ne sommes plus en état de préserver notre audition, comme c’est parfois encore le cas dans certaines campagnes reculées ou dans certaines tribus des Andes où seules les personnes atteintes d’une affection héréditaire de l’oreille et les vieillards, dont la baisse de l’audition est le résultat d’un phénomène de sénescence physiologique naturel, ont du mal à entendre vers la centaine…

Ces constatations sont accablantes. Toutefois, il convient de faire la différence entre ce qui, tout en constituant incontestablement une gêne, peut être supporté par l’organisme à moindres frais (on verra comment), et ce qui provoque des lésions dûment constatables et parfois irréversibles. Sur ce point, les recherches sérieuses et objectives sont assez récentes. On peut dire qu’avant la deuxième guerre mondiale, la nocivité du bruit n’était qu’une idée vague dans l’esprit des savants et des médecins.

Il faut préciser toutefois que si une intensité de 120 décibels est douloureuse, une intensité de 80 décibels suffit parfois pour faire apparaitre des troubles. Par ailleurs, l’intensité n’est pas seule en cause: la durée d’exposition au bruit, la fréquence de celui-ci, son caractère plus ou moins inattendu influent au premier chef sur la nature et l’importance des dommages causés. On sait aussi que les sons purs sont plus nocifs que les sons complexes et que l’apparition d’une lésion conduit dans de très nombreux cas â l’instauration d’un véritable cercle vicieux : plus on écoute fort, plus on devient sourd et plus on devient sourd, plus on a besoin d’écouter fort pour entendre.

L’appareil auditif n’est pas seul touché. Cela ne peut surprendre quand on sait, grâce au Professeur Tomatis, la place centrale qu’il occupe dans l’homme et les liens très étroits qu’il entretient avec les autres appareils physiologiques et avec le psychisme. L’action du bruit peut avoir des répercussions sur le fonctionnement du coeur, la circulation sanguine, le rythme respiratoire, le transit intestinal, la vie hormonale, la vision, le système nerveux central, la mémoire, l’équilibre intellectuel et mental, etc.

« Or, explique Alfred Tomatis, plus un sujet est jeune, moins il est capable de se défendre. Je me suis rendu compte de cela à l’époque de mes premiers travaux. Lorsqu’un ouvrier d’un âge mûr était affecté aux réacteurs, il avait généralement suivi une progression par rapport à l’exposition sonore. Il avait d’abord travaillé dans les ateliers, puis sur des moteurs plus puissants, et ainsi de suite…

Il y avait eu à la longue une éducation telle qu’il se comportait en véritable athlète dans sa défense spontanée et automatique contre le bruit. En revanche, celui qui arrivait là tout frais, tout rose, et recevait d’un seul coup le tonnerre sur la tête se trouvait écrasé. Sur un tel sujet, on pouvait observer des lésions graves, les coups de bélier de l’étrier avaient arraché la membrane basilaire, par exemple.

Même phénomène chez les musiciens et les chanteurs. Un grand chanteur d’opéra développe environ 150 décibels dans son crâne lorsqu’il est en pleine action. Fort heureusement, il a appris à s’entendre lui-même de façon très amortie au moment où il chante, comme si, en quelque sorte, il fermait son oreille à sa propre émission. Si un jeune vocaliste essaie tout de suite de chanter au maximum, il se casse lui-même l’oreille, au sens propre de l’expression!

Il en va de même avec un musicien qu’on plongerait trop tôt dans un orchestre symphonique. Le public se demande parfois pourquoi certains jeunes prodiges, chefs d’orchestre admirés avant même d’être entrés dans l’adolescence, ont été brusquement retirés de l’affiche: c’est qu’ils sont devenus sourds !

Dans un orchestre symphonique, l’intensité sonore est assez souvent de 130 décibels et l’être humain n’est pas fait pour vivre au milieu d’un tel bruit, à moins d’avoir appris à s’en défendre par ses moyens naturels; comment voulez-vous qu’un musicien jeune, comme sont la plupart des artistes pop, jouant: à pleine puissance d’un instrument amplifié au maximum, au milieu d’autres musiciens non moins acharnés à produire le plus de décibels possible, ne finisse pas par subir un dommage auditif important ?

Et que sera-ce si ce musicien est un percussionniste! Car les instruments à percussion sont capables de provoquer dans une courbe sonore des clochers intempestifs dont il n’est pas possible d’obtenir une mesure exacte mais dont les conséquences sur l’appareil auditif et le système nerveux sont particulièrement redoutables.”

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